lundi 10 mars 2008

extrait de" l'appart'amant"

cours extrait d' un peut-être livre à venir;un homme, une femme ont partagé le même appartement, mais pas aux mêmes dates. elle est libraire, lui revient dans son ancien quartier qui l' a marqué pour toujours.

"Les livres sont comme les plages de sable fin du Nord de la France, avec pour digue la couverture, parfois couverte de mots comme les rues des villes balnéaires quand le vent a soufflé et a cru bon y déposer du sable.

Livre, plage de sable dont les lettres seraient les grains, dont les idées et les mots seraient les chars à voile que le vent pousse, emmène au loin et qui s’efforcent de nous revenir en manoeuvrant contre le cours des vents et de leurs humeurs. Grande page-plage dont les mots ressemblent à des coquillages, posés là dans un ordre chaque fois différent, selon les envies et les humeurs de la marée, de l’ auteur.

Plage-page que l’ on parcourt à pas lents, à pas pressés, en avançant, en revenant en arrière, en arrêt sur un mot-coquillage, où suivant des yeux une idée-rigole la ramenant à la mer.

Mots qui s’ envolent au fil des pièges et des pages comme les grains de sable que les vents emportent au loin et qui nous fouettent au passage. Mots et sables qui parfois ne nous laissent pas les approcher et semblent tout faire pour ne pas venir vers nous comme si notre rencontre ne pouvait se faire à cet instant. La même plage n’ est jamais tout à fait la même suivant les heures, les jours, les saisons et nos humeurs comme notre perception des mots et des livres qui se présentent à nous est autre d’ une lecture à l’ autre.

Vague-livre qui vient vers nous, qui se retire et qui s’ approche, mouvement permanent et perpétuel toujours pareil mais toujours différent.

Les mots comme la mer changent de forme et de couleur, viennent nous caresser ou nous secouer, nous encercler et nous libérer, nous chercher ou nous ignorer.

Certains parviennent à lire les livres, certains parviennent à lire la mer, qu’il doit être heureux celui qui réussit à décrypter les deux, la mer et ses secrets, les livres et leurs mystères."

samedi 19 janvier 2008

"le père,la fille et l' auteur" (extrait)


Comment je vins au théâtre entrainé par Philippe VanBellegem; extrait de la pièce :" le père, la fille et l' auteur" inédite au 19/10/08

le père raconte au public comment a commencé la carrière de l' auteur dont il est en train de jouer la pièce


« Dire que c’ est moi qui suis allé le chercher lui pour faire du théâtre.

Je me rappelle. C’ était un dimanche après midi.

Je me suis pointé chez lui juste après l’ heure de la sieste de Monsieur ; (c’ est

l’ une des seules choses qu’ il respecte vraiment et qu’ il oblige les autres à respecter). Chez lui, pendant la sieste, c’ est la maison du silence comme dirait ses enfants, c’ est 20 000 lieues sous les mers, c’ est l ’ équipe du commandant Cousteau en plongée dans les grandes profondeurs. Il ne lui manque que le bonnet rouge sur la tête et tu entends les ronflements de la turbine. Et pour turbiner, ça turbine !!!

A mon arrivée donc, il sortait à peine de son coma abyssal.

Il faut voir dans ces moments-là tous les efforts qu’ il déploie pour sortir de sa torpeur.

On dirait l’ homme primitif dans toute sa splendeur.

((il mime tout ce qu’ il dit))

Les cheveux en bataille, la tête ballotant dans tous les sens, la marche hésitante parce que Monsieur n’ a pas encore trouvé ses lunettes, pris de démangeaisons et se grattant frénétiquement…

((il descend la main vers les fesses et la remonte vivement vers la figure))

la barbe.

les yeux mi-clos, incapable d’ émettre, par la bouche je le précise, autre chose que des grognements et des ricanements stupides, n’ acceptant autour de lui que le silence e donc prêt à exploser la première mouche qui… vole.

Vous avez droit ensuite au « sirotage » complet de son bol de café, ou plutôt de son saladier de café, obligatoirement très chaud ,très noir et très fort, qu’ invariablement il allongera d’une grande rasade…d’eau pour le refroidir, le café, pas le monsieur.

Et cet instant dure une quasi éternité, surtout quand vous êtes là à attendre le signal qui libérera les premiers mots de votre bouche.

Il faut voir le tableau. L’ ours des bois qui se lève, découvrant la civilisation au fur et à mesure que les connexions de son cerveau se rétablissent.

La première fois que vous voyez ça, ça fait peur.

La bête à l’ état pur, le yéti, la bête du Gévaudan et le Monstre du Loch Ness réunis en un seul… homme.

Puis, au fur et à mesure que le passage du café réveille en lui les premières traces d’ humanité, il redevient quasi présentable.

Il vous regarde d’ un air de dire : tiens tu es là toi?, et il le dit :

((il prend une voix presque incompréhensible :

« tiens, tu es là toi? »

Cinq bonnes minutes se passent.

((il reprend la même voix, juste un peu plus clair))

«Et ça fait longtemps que tu es arrivé ? »

Vous n’ avez pas le temps de répondre, il est déjà reparti dans son saladier de café.

Une nouveau branchement ayant réussi, il reprend avec sa voix de soprane au lendemain de la fête de la bière de Munich :

« On aurait pu me prévenir quand même, j’ aime bien quand quelqu’un de plus bête que moi vient me voir. »

Alors, il éclate d’ un rire caverneux, se lève, se secoue comme s’ il voulait déloger une armada de puces qui se serait installée sur lui pendant son sommeil, et il vous décroche son dernier signe extérieur d’ animalité, un sourire voulant dire qu’ il quitte un plaisir, la sieste, pour vous faire cadeau de sa présence.

Ceci étant dit, revenons à ce dimanche après midi là, j’ étais arrivé chez lui tout guilleret pour lui proposer de faire du théâtre avec moi. J’ étais à l’ époque et encore maintenant un comédien reconnu.

Une vieille complicité entre nous, et mon charme aidant me laissaient penser qu’ il ne refuserait pas mon honnête proposition.

L’ animal ayant terminé sa mue accueille mon idée avec un sourire bien plus intelligent que le précédent. (( il mime))

Ca n’ est pas un oui franc et massif mais c’ est quand même un début de réponse. Rien n’ est perdu me dis-je.

Il faut manœuvrer doucement car rien n’ est cependant gagné. Il recommence à se balancer de droite et de gauche, à se gratter… la barbe et les cheveux. Enfin tous ces signes qui montrent que la bête réfléchit.

Soudain, l’ inquiétude me gagne : ne va-t-il pas se rendormir, et me laisser poiroter en attendant sa réponse ?

Mais non, la bête sourit, et donne son accord.

La première manche est dans la poche. J’ ai réussi à amadouer l’ animal.

Brutalement, son sourire se fige et laisse place à une question :

« faire du théâtre, d’ accord, mais pour jouer quoi ? »

me demande-t-il, envahi de nouveaux par ses démangeaisons, à croire qu’ il pense par la barbe .

Il faut la jouer fine me di-je et caresser l’ homo sapiens dans le sens du poil.

Rendons- lui la direction des opérations par une phrase simple, il faut le rassurer.

Je ne sais pas dis-je en me tordant les doigts et les mains pour lui montrer mon désarroi, C’est toi qui va écrire la pièce, qu’ en penses-tu ? »

Les hommes préhistoriques se battant à coup de massues, le mien n’est pas surpris et encaisse sereinement le coup asséné par moi.

L’ homo-érectus devient un « homo-assomus » puis un « homo-titubus » ((il mime))

Je ne me croyais pas capable d’ assommer quelqu’un d’ une seule parole.

Mais là, avec mon meilleur ami, c’ est réussi.

((il crie en serrant le poing « yes »

Heureusement qu’ il est costaud l’ australopithèque et tout en se redressant, il relève le défi.

En fin d’ après-midi, le sujet est trouvé, les premières idées fusent.

Rendez-vous est pris pour la semaine suivante .

Quelques après-midi suffiront pour boucler le sujet.

Un seul petit défaut toutefois . Une fois les scènes mises bout à bout, Ben-Hur ressemble à un court métrage à côté de notre œuvre commune et l’ animal que je croyais titubant est totalement rasséréné.

Il m’ offre bien évidemment le premier rôle, c’est moi l’ acteur, et lui ne sera qu’ un faire valoir. THE RIGHT MEN AT THE RIGHT PLACES.

Mais il est rusé l’ animal, il m’ entraîne dans son antre .

A force de lui faire croire que tout est possible, en acceptant mes modifications, mes améliorations allais-je dire, en incluant des passages absolument irréalisables mais uniquement suggérés par bravade, c’ est lui qui reprend la main et le dessus.

La scène finale dure plus d’ une demi-heure.

Monsieur la passera assis sur une échelle de tennis en lisant son texte, y ajoutera des passages suivant ses humeurs. Alors que moi, devenu bête de somme après avoir été une bête de scène, je cavalerai et je cavalcaderai aux quatre coins de la scène à incarner tous les personnages d’ une journée de bataille au début du 13ème siècle dans une plaine marécageuse du Nord de la France.

Qu’ est-ce que ça peut bien me faire qu’ ils se sont battus un dimanche de 1 214, le 27 juillet exactement, et qui plus est à Bouvines ?

(( l’ air désespéré :

Je suis marqué à vie par cette scène. Je suis comme cet acteur qui a joué une fois le rôle du comte de Dracula et qui s’est pris pour lui toute sa vie. C’est épouvantable !!

C’est l’ horreur !!!

((il mime tout ce qu’ il dit :

« Et je te mets une poubelle sur la tête, et je me bats armé d’ une canne en guise d’ épée, et je chevauche un balai en guise de monture, et je me roule par terre, et je fais prisonnier tous mes ennemis.

Et je triomphe. Je ne suis plus Phi Phi de Bouvines, je suis Philippe Auguste, roi de France, et je remporte la bataille de…Bouvines.

((il fait le tour de la scène en levant les bras au ciel et en envoyant des baisers à la foule, puis s’ écroule dans le divan.))

« Voilà ce que je suis devenu ! Et depuis, comme tous les rois de France, j’ ai été détrôné !

Rien que d’ évoquer cette scène, je me fatigue encore."

« T'AS RIN A DIRE »

sera peut être le texte de fin du spectacle 2008 de Philippe VanBellegem

A tous ceux qui depuis toujours trouvent à dire et à redire,

A tous ceux qui n’ ont jamais pu s’ empêcher de le remarquer,

A toutes celles que son volume a un jour fait fuir,

A toutes celles qui ne l’ ont jamais vu se recroqueviller ,

Je voudrais une bonne fois pour toutes leur dire

Ce que leurs commentaires ont pu provoquer,

Je voudrais une bonne fois, pour en finir,

Exprimer devant vous tout de go

Ce que je pense des réflexions de ces go-go.

Ne tournez pas le vôtre je vous prie,

Puisque c’ est de mon nez qu’ il est question ici.

Son histoire a commencé

Le jour même où je suis né.

Tous ceux qui se penchèrent sur mon berceau

Trouvèrent cet appendice pour le moins rigolo,

Et comme dans mon quartier on s’exprimait en chti,

J’ va ichi parler comme ché gins autour eud min lit.

J’ ouvro tout juste mes yux

Que l’ premier qu’y a parlé a dit : « min fiu,

Cré vingt diux que tarin,

Pour eul mucher te n’ auras pon assez d’tes deux mains. »

Chti d’ à côté y’a enchainé

Comme pour in rajouter :

« mi si au mitan de m’ figure j’ avo un tel machin,

J’ voudro su l’ champ qu’ in me l’ inlèffe,

Qu’ in l’ cope aussi ras qu’ in/ne pâture eud treffe.

Ch’ est mi possipe qu’ in garde des éfants avec un pif parel

Alors qu’ in tue des jon/nes cats

Avec leu tiots musiaux

Qui font pon l’ quart de l’ mitant d’cha.

Un mouviar pour y rintrer n’ a même pon b’soin d’ arplier ses ailes,

Y rinte et y sort d’ in/ne telle gaillole

Sans avoir à ralintir sin vol.

Si ch’ est un perchoir qu’ in a voulu li offrir,

Pour sûr qu’ in/ne cornalle n’ trouvera rin à r’dire.

A l’ automne, cha rimplachera ché fils

Si ché hirondelles veulent s’ y réunir.

Pauvre éfant comme y s’ro biau

Si y devo pon promener eud’sus s’figure

Ché deux caches à moniaux

Qui pour eul momint l’ défigurent.

Pauv’ tio, si j’ appuyo eud’sus sin blair

Cha n’est pon du lait qui sortiro

Des 2 tros d’ses nasiaux,

Cha s’ro l’ vaque toute intière

Aveuque eul fermière et sin siau pour eul traire.

Si un jour sin nez y s’ met à couler,

In va tous croire qu’ y arrive un raz de marée.

Si y’ est victime d’ in/ne hémorragie,

Ch’ est la mer toute intière qui va s’ artreuver rougie.

Pauv’coco, te n’ s’ra jamais comme in aute

Parce que tes parints t’ont fait avec in/ne parelle carotte.

Min tiot nin-nin t’ auro pu être biau

Si y n’t’ avotent pon fait un aussi gros nasiau.

Tout t’vie les gins vont t’ arvétier,

Ti, t’ figure et au mitan eut n’ énorme beignet. »

V’la sin que ché gins y digeotent

In même temps qu’ y m’ bersottent et qui m’dorlotottent.

Heureusemint qu’ j’ a pon passer tout m’ vie

Din chette maternité, avec tout leu conneries.

Y’a bin queque cose qui est sûr,

Ch’est que d’ pis que j’ sus né,

J’ n’ a intindu des vertes et des pas mûres

Sur min joli visage caché par min gros nez.

Mais un tel renifloir,

Cha a du bon, vous pouvez m’ croire.

Tout jon/ne j’ a vite compris

Que j’ devo surtout m’intéresser à mi.

Des affaires des autes je m’ suis jamais occupé

Car jamais j’ n’a mis min nez

D’ u qu’ y avo pon d’ iau pour eul laver.

J’ a souvint aussi appris à z’ aute la politesse

In leur disint que plutôt que d’ min nez

Y frot mieux d’ s’ occuper d’leu fesses.

J’ l’ a toudis dit gentimint

Mais avec fermeté… nez… in…moins !

Mi je n’ méprise pon min nez

Parce que mépriser sin nez, ch’ est mépriser s’ figure.

Si te n’ veux pon vire comint qu’ y est min nez,

T’as qu’ à arvétier mes chaussures !

Eud’ toute façon,

Les 2 font 2 pieds eud long.

Quand j’ éto un tiot quinquin,

Pour min nez j’ faisos souvint l’ co d’ poing.

Quoque j’ leur a fait des grosses patates

A cheusses qui l’prenotent pour eune bétterape.

Mais ach t’heure, j’ laiche dire,

J’ préfère eum’ taire et sourire.

Eud toute façon, te n’ peux pon impêcher

Eune langue d’aller et eune queue d’quien d’balancher

Parlez, parlez, in n’ sait pon sin qui va rester,

Mais mi j’ aura toudis min nez.

Vous voyez que d’min blase y’ a gramin à dire,

Eul source elle est pon là de ch’ tarir.

Eud toute façon, y faudra vous y faire

Ch’n’est pon pour vous que j’ va canger min blaire.

In dit souvint que ch’moquer d’soi même

Ch’est la plus belle forme d’humour.

Comme la nature a fait des siennes

En m’affublant de cette pomme d’amour,

Pour me soigner, je fais d’la scène

J’en ris, j’en parle sans détour,

La vérité, je vous l’assène

Et , dans vos yeux remplis d’humour,

Je vois maintenant que vous l’aimez

Il est heureux, ravi, comblé

Car le spectacle est terminé,

Il peut sortir , sans se retour….ner !

FRANCIS WAEGEMACKER

RUMEGIES

NOVEMBRE 2OO7

UN NOËL PON COMME LES AUTES !!!

Je n’ sais pon pour vous, et en fait cha m’est un peu égal, mais pour mi, min dernier Noël a été complètemint différent de tous cheusses d’ avant.

Cha a pourtant quemincher pareil, puisque ch’ éto eul 25 décembre comme tous les ans, chéto l’ hiver comme toudis din nous contré et les éfants y z’étotent v’nus pour passer Noël in famille, tranquillemint comme des éfants bien saches.

.

Eusse, y’ n’passent pon par eul queminée, y rintent par eul porte et si te savos sin qui vien/tent t’ annoncer, y z’arsortirotent par eul ferniète…. Mais non, cha n’ est pon vrai, ch’ éto juste pour moutrer que j’ savo dire toutes les issues de m’ baraque in patois.

A Noël, in arrive toudis à un momint qui fait du plaisi à ches gosses et à ches parints aussi, ch’est l’ distribution des cadeaux.

Mais ch’ t’année, y z’ont fait fort !!! Déjà qui z’ ont jamais fait un présent aussi lourd, mais in puque, y t’ posent cha d’sus tes genoux avec délicatesse et heureusemint, sinon t’ auros les 2 gambes sectionnées tellemint la chose est monumentale.

A croire qu’ ils n’ veulent pon que te t’ lèves à ch’t’heure.

Là, ch’est réussi, aveuque in/ne enclume eud d’sus tes g’noux, t’es collé à t’chaise !!!

Bin ouais, t’es poli, t’ as laiché ches fauteuls à ches gosses, ti t’ a été élevé d’sus in/ne ca/yelle, alors.. t’as pris in/ne… ca/yère.

Pour que vous comprenez bin, y faut continuer à vous décrire l’ action.

Aveuque cha d’sus ti, te pinses que ches gosses y t’ ont offert des altères pour effacer tes tiots bourrelets, et tout in souriant, te t’dis déjà qu’cha va arjointe tous les largesses des années passées qui n’ ont été ouvertes qu’ in/ne fo, mais que cha auro été malpolis d’ arfuser.

Ch’t’année, non seulemint y z’ ont mis l’poids, mais y z’ ont mis les formes.

Les années précédentes, t’ avos drot à in/ne étiquette eud’sus ch’ paquet, mais cheul fos ichi, pon question, t’as drot à in/ne inv’loppe aveuque tin nom écrit au stylo doré, aveuque in/ne pleume in or in quelque sorte, tin nom et t’ n’ adresse comme si t’ éto atteint d’ Alzheimer et qu’ te savo pu d’ù qu’ ch’ est que te vis. Et in plus, y z’ apportent cha à t’baraque. Donc ch’ est presque sûr que ch’ est tin cadeau.

Alors, pourquoi ? me direz-vous.

Mais pourquoi pas, vous répondrai-je. Ce sont mes enfants et ils font ce qu’ ils veulent pour me plaire à moi, pas à vous.

Surpris par la présentation, t’ arviète les autes, et te vos qu’ eusse aussi y z’ont eu drot à tout l’ saint frusquin : cadeau, inv’loppe, stylo doré et tout l’ tralala et tra-la-lère.

Donc, ch’t’année, y z’ont dû mette ch’l’ étiquette din l’ inveloppe, à croire qui z’ ont arvindu leu jours de RTT pour aquatter des inv’loppes.

Comme diso l’ présidint d’ la République, travailler puque pour… imballer puque…

Une nouvelle fois, je ne vois pas en quoi cela peut vous déranger.

Vous êtes quand même terribles à vouloir toujours commenter ce qui se passe chez moi. Je vous fais l’ honneur de vous prendre pour confidents, c’ est déjà pas mal, et ça devrait vous inciter à un peu plus de retenue.

C’ est un monde tout de même.

Tenez-vous bien…Non, mieux que ça… Sinon vous ne saurez jamais la suite.

Vous avez quand même de la chance que je vous aime bien, alors je vais continuer.

Résumé des épisodes précédents : y sont t’arrivés, y z’ ont fait in/ne baisse à tertous, y z’ ont bu un coup, y z’ ont arbu un co, et y z’ont… arrêté d’boire.

Je n’ supportero pon un aute buveux qu’ mi à m’ mason, donc, y z’ ont pu bu, et mi non pu… Quo qu’ ch’ est qu’ vous pinsez d’mi ? Je n’ sus pon comme vous, quo qu’ vous cro/yez, j’ sais m’ arrêter d’ boire… intre deux verres, quand j’ veux et que l’ boutelle est vide. J’ va quand même pon risquer eud dégringoler din m’ cave, uniquemint pour vous faire rigoler… je n’ sus pon si biète !!!

Vous pouvez boire à m’ santé, mais pon question eud rire à mes dépinds.

J’ arprinds. Quand chacun eut bu sin compte eud’ sus min compte, offrande offerte d’sus mes g’noux, enveloppe fermée d’ sus le cadeau.

Voilà, Madame, vous nous avez rattrapés, in éto arrivés là au momint de décach’ter euch l’ inv’loppe.

Ch’ est l’ heure eud la remise des césars et des oscars.

And the winner is ???.

Comme si ch’ éto in/ne surprise, ch’ cadeau y’ est là, d’ sus mes genoux, donc

ch’est à mi, j’ sus pon complètemint inochint !!!

Quoqu’ in trove din ch’ l’ inveloppe ? je n’vous l’ deminte pon, puisque ch’jour là, vous n’ étotent pon là, donc vous n’ pouvez pon savoir.

Mais mi, j’y éto, et j’ fais durer eul suspinse autant que cha m’ plait.

Je vous dirai sin qu’ y avo din l’ inveloppe quand vous arrêterez eud m’ arvétier avec vous yux !!!

D’ in aute côté, et in y réfléchissant bin, je n’ vo pon avec quoi d’ aute vous pourrotent eum’ raviser.

J’va donc arrêter eud vous imbêter et j’ va sans pus tarder vous dire sin qu’ y’avo din ch’ l’inveloppe écrite aveuque ? … un stylo doré, y n’a deux qui suivent.

Eh bin, din l’ inveloppe j’ a treuvé un carton plo/yé in deux, ou plutôt pour parler bin, un bristol, oui madame, in bristol in carton, ou un carton en bristol, ch’ est comme vous voulez. Mais, n’ oubliez pon, plié in 2.

Là, chti qu’ y a préparé l’ inv’loppe y dot savoir qui jue avec tes nerfs, puisque y’a marqué eud’ sus l’ bout d’ carton : « à ouvrir calmemint et aveuque précaution ».

Ce qui, vous l’ admettrez, a le don eud vous énerver acore un peu puque.

Pour vous-même, vous vous dîtes :

« y z’in font bin des m’ noulles avec leu cadeau !!! Quand y z’étotent tiots, eusse y mettotent chinque secondes pour exploser l’ imballage.

Mais ch’t’ année, eul distribuache eud cadeau d’ Noël, in l’fait à l’ américaine, aveuque mise en scène et tout l’ tralala.

Y’a des plaisits qu’ in aime faire durer, si cha n’vous fait pon du bien à vous, cha n’ fait pon toudis du ma à l’ aute, mais là j’voudro bin avoir fini d’ ouvrir mes paquets avant d’ minger mes chocolats …eud Pâques.

Cha y’est, l’ inveloppe elle est ouverte par chacun des participants à l’ opération du Noël des « désénervés ».

Bristols z’ aux couleurs de l’ hiver, l’ un avec un Père Noël, l’ autre avec un bonhomme de neige et l’ mien aveuque un sapin. Et pourquoi qu’ ch’ est justemint sur mi que ch’ sapin y quet. ? y sont pressés de me l’ faire goûter ? ou bin y z’ ont’y envie de m’faire comprinte qu’ y sont prêts à hériter ?

Toudis est t’y que mi ch’est l’ sapin, avec in/ne guirlande, mais pon d’ bouton pour l’ faire clignoter.

Din l’ même geste et l’même instant, tous cheusse qui ont arçu in/ne carte pliée in 2 y z’ euffent leu bristol.

Et là, que surprise : in t’ annonce que ch’ est Noël, qu’ in t’souhaite un bon Noël …et pon des joyeuses Pâques. Cha fait du plaisi d’apprinte que tes éfants y savent que ch’ est Noël. Y sont pon complètemint innochints !!!

Mais in d’ sous, y’ a un truc bizarre : in/ne espèce eud photo in noir et blanc, in/ne espèce d’ oval comme un anneau d’ Saturne incliné et au mitan in/ne tâche plus claire, sans doute in/ne nouvelle planète… J’ ai pourtant pon l’ air d’ ête din la lune.

Y z’ ont même ajouté un tiot texte qui t’ parle du tiot Jésus din s’ crèche, et que jusque là, t’ éto père et qu’ d’un seul co te grandis, te va devenir grand…père.

Je n’ sus pon sûr qu’ in a un air très intelligent à ch’ momint là, mais y vaut miux avoir l’ air biète in société que d’ avoir l’ air malin tout seu din sin coin.

J’ sus sûr que din l’ salle y n’ a qui pinsent comme mi.

Din ches momints là in doit réagir tertous de l’ même façon, nous les hommes : in gonfle eul poitrine, in rinte sin vinte et in est tous fiers eud sin qui nous arriffe. In n’ y est pour rin, in tout cas pas plus que l’ homme de Cro-Magnon pour la naissance du premier vainqueur du Tour de France, mais in est tout fier.

Et in plus, in est malin. In a compris que chette photo ch’ éto in/ne « écolo-biographie » et que ch’ est l’premier portrait du prochain de la lignée.

Cha y’ est, les futurs parints, y sont là in face eud ti, tout contints d’leu z’ effets, les deux inventeurs de la génération suivante et qui font de vous un personnage de la troisième génération, qui vous font donc en douceur entrer dans le troisième âge.

Voilà, votre cadeau de Noël de l’ année est annoncé.

Il est né le divin pépé, buvons un coup, vidons ses boutelles !

Il est né le divin pépé, in est v’nu avec li l’ fêter !!!

Bien venu din l’ trosième génération, futur grand’père.

Pour preuffe que t’ es in train d’ vieillir, te v’là ému par des nouvelles comme in/ne vraie jon/ne fille et t’ écrasse in/ne tiote larme au coin de t’n’ eulle, alors que l’ année passée te n’ a pon brais quand ch’ est un copain qui t’ a annoncé qu’ il allo ête grand’père.

Et les autes, surtout la future manman, cha les fait rire eut’ n’ émotion.

Tout juste si in ne te dit pon qu’à t’n’ âche, ch ‘est un cadeau eud Noël plus utile qu’ in/ne console de jeu, qu’ au moins un tiot, te sais quemin qu’ cha fonctionne..

In/ne console, cha t’ auro pris des mois pour tout brancher, alors que là… cha va printe des mois avant qu’ y n’ arrive ch’tiot pépère ou cheule tiote mémère, in n’sait pon accor. De toute façon cha ne cangerot rin de l’ savoir et cha ne l’ fero pon v’nir plus vite.

In t’ print pour un athlète, in t’promet qu’y t’resse du temps pour eut préparer avant d’ ête grand-père puisque d’ après les calculs savants des espécialistes, ch’ l’ éfant y s’ ra là pour eul premier jour eud l’ été, le 21 juin.

Te va pon m’ dire qui z’ ont réfléchi in faisant cha pour eul l’ nuit eul plus courte eud l’ année, y n’ ont pon fini d’ avoir des nuits courtes.

Et pis, jusque là, eul 21 juin, ch’ éto eul jour de l’fête d’la musique, à ch’ t’ heure, cha s’ra eul jour de ch’ brailloux !!!

Jouez les crécelles et chantez la fanfare, v’là l’ été, v’là l’ bébé !!!

Un aute truc qu’ y n’ ont pon réfléchi : d’ pis qu’ in n’ a pu d’ éfants in bas âge, donc de moins de 18 ans puisqu’ in dit qu’ y mûrissent eud moins in moins vite, in profitot du mois d’ juin pour partir in vacances, les jours étotent plus longs et ch’ étot moins quière. Mais là, pour l’année prochaine, eul mos d’juin, ch’est foutu.

Pon question d’ pon ête là pour la naissance du divin enfant.

In est là tous les ans eul 25 décembre pour in tiot qu’ in a pon connu, pon puque qu’ ses parints qu’ in n’ a jamais rincontrés, alors pinsez un tiot peu eul bazar din l’ famille si in n’est pon là pour l’ arrivée au monte du premier de la génération suivante !!!

In y s’ ra, mais in s’ ra pon in vacances. Les congés payés in pourra toudis printe 30 jours intre le 1er et le 11 novembre, ou bien in n’ les prindra pon du tout, comme cha in travaillera puque pour dépinser puque… pour ch’ l’ éfant. Accor in/ne contre-preuve pour démontrer l’amélioration eud nou pouvoir d’achat.

Je n’ parle pon eud politique, je parle démographie, de m’ famille qui s’agrandit et d’ pouvoir d’ achat qui diminue.

Et tout cha, sans m’ plainte, ou si peu.

Rassurez-vous, quand y s’ra là ch’ tiot bébé, j’ n’ aurai pus l’ temps eud vous raconter eum’ vie, y va falloir apprinte à m’ servir de tous les modèles eud console eud jeu, j’ va devoir apprinte à invo/yer des messages eud’sus sin téléphone (si, si y va n’ avoir un très vite), j’ va essayer eud comprinte pour m’ servir d’ internet et d’tout un tas d’ trucs indispinsapes dont j’ pouvo m’ passer jusqu’à ch’t’heure…

Heureusemint qu’ y m’ ont prévenu assez vite, parce que mi, cha va m’ faire eud

l’ ouvrache !!!

Mes parints, y n’ ont pon eu à faire tout cha quand y ont su qu’ j’ arrivo au monte. Comme quoi les tiots y sont d’ plus en plus exigeants. Heureusemint qu’ in n’fait pont tous leu caprices !!!

Si vous l’ permettez, y m’ reste un tiot qué causse à dire, et ch’ est à li que j’ voudro l’ dire.

« EH, TIOT QUINQUIN, OU BIEN TI, TIOTE QUINQUINTE, DEPECHE-TE D’ARRIVER, TIN TIOT GRAN-PERE Y S’ENNUIE DEJA D’TI ET Y’A DES HISTOIRES A T’RACONTER »

FRANCIS WAEGEMACKER

ECRIT DE LA NOËL à LA SAINTS INNOCHINTS 2007